“Intolérance,” le chef-d’œuvre colossal de D. W. Griffith sorti en 1916, est bien plus qu’un simple film. C’est une fresque historique monumentale qui s’attaque à des thèmes universels de paix, d’amour et de haine à travers quatre époques distinctes: la Babylonie antique, la France du XVIe siècle, l’Amérique pendant la période de la guerre civile et un conflit contemporain (probablement inspiré par la Première Guerre mondiale).
Le film se distingue par son ambition narrative inégalée. Griffith tisse habilement les histoires de ces différentes époques, mettant en lumière les similitudes frappantes dans les manifestations de violence humaine, la quête du pouvoir et les conséquences désastreuses des conflits.
L’histoire sans fin de l’humanité : quatre récits entrelacés pour une réflexion profonde.
“Intolérance” se déploie sur quatre tableaux distincts :
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Babylonie: Un roi jaloux condamne à mort sa femme après avoir été trompé par un faux témoignage. La reine, innocente, trouve la mort dans les flammes de son bûcher.
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France: Le massacre des Huguenots par les catholiques lors de la Saint-Barthélemy est décrit avec une violence crue, soulignant l’intolérance religieuse qui a déchiré la France au XVIe siècle.
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États-Unis: La guerre civile américaine est abordée à travers le prisme du conflit familial entre deux frères: l’un loyaliste et l’autre abolitionniste.
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Temps présent (1916): L’histoire se termine avec une séquence contemporaine, probablement inspirée de la Première Guerre mondiale, mettant en scène un couple heureux dont la vie est bouleversée par la guerre.
Chaque tableau illustre les dangers des préjugés, de l’intolérance et du fanatisme. Griffith utilise des symboles forts pour marquer ces thèmes : le feu qui représente la destruction aveugle, l’eau qui symbolise la pureté et la renaissance, et la lumière comme emblème d’espoir.
Une production grandiose et révolutionnaire : techniques innovantes au service de l’histoire.
“Intolérance” fut un film pionnier en termes de réalisation cinématographique. Griffith utilisa des techniques de montage inédites pour relier les différents récits, créant ainsi une narration fluide et dynamique. Il emploia également des effets spéciaux révolutionnaires pour son époque, comme des gros plans spectaculaires et des séquences de batailles réalistes.
Le film bénéficia d’un budget colossal pour l’époque (environ 2 millions de dollars) et nécessita la construction de décors gigantesques, le recours à une multitude d’acteurs figurants et l’utilisation de costumes minutieusement reconstitués. La collaboration avec des artistes renommés de l’époque, tels que le chef décorateur Wilfred Buckland et le compositeur Joseph Carl Breil, contribua à donner à “Intolérance” son caractère majestueux et unique.
L’héritage d’un géant du cinéma: un film controversé mais visionnaire.
À sa sortie, “Intolérance” reçut des critiques enthousiastes de la part de nombreux cinéphiles, qui saluèrent l’ambition artistique du film et son message pacifiste universel. Toutefois, le film fut également sujet à des controverses en raison de sa représentation des événements historiques, jugée parfois simpliste et biaisée.
Malgré ces critiques, “Intolérance” reste aujourd’hui un classique incontournable du cinéma muet. Il témoigne de l’audace visionnaire de D.W Griffith et offre une réflexion profonde sur les défis permanents de l’humanité: la lutte contre la haine, la recherche de la paix et la nécessité d’une compréhension mutuelle entre les peuples.
Le casting d’Intolérance : des figures marquantes du cinéma muet.
Acteur | Rôle |
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Lillian Gish | Une jeune femme innocente dans Babylonie, puis une victime du massacre des Huguenots |
Mae Marsh | La fiancée du fils de la reine en Babylonie |
Constance Talmadge | Une jeune femme américaine pendant la guerre civile |
Pourquoi Intolérance est-il toujours pertinent aujourd’hui ?
“Intolérance” nous rappelle que les conflits et les préjugés ne sont pas simplement des problèmes du passé. Les thèmes abordés dans le film restent malheureusement d’actualité: la violence aveugle, la montée des extrémismes, la peur de l’autre. Le message ultime du film reste cependant un message d’espoir. Griffith nous montre que malgré les épreuves, il existe toujours une possibilité de rédemption et de paix.
En conclusion, “Intolérance” est bien plus qu’un simple film muet. C’est une œuvre d’art qui nous confronte à nos propres contradictions et nous incite à réfléchir sur la nature même de l’humanité. Il est une expérience cinématographique incontournable pour tout amateur de cinéma et un appel vibrant à la tolérance et à la compréhension entre les peuples.